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Coronavirus : « Io resto a casa“: « Je reste chez moi“

Publié le 12 mars 2020

Frère Johannes nous fait part de la situation sanitaire à Rome. Avec délicatesse, les sœurs apostoliques de Rome nous donnent quelques nouvelles. Nous pensons aussi particulièrement à nos frères de Bologne et de Finale Emilia.

« Io resto a casa » : « Je reste chez moi »

Le 12 mars 2020
Comme vous l’avez sans doute suivi ces derniers jours, à cause de la propagation rapide du coronavirus le gouvernement italien a étendu les mesures de restriction à tout le pays. Désormais c’est toute l’Italie qui est zone protégée, confinée, en quarantaine. Ce qui veut dire qu’il faut éviter les déplacements dans toute l’Italie. Le mot d’ordre : « Io resto a casa »: « Je reste chez moi ». On ne peut sortir que pour des raisons de travail, de santé ou de nécessité (comme par exemple faire les courses ou aller à la pharmacie). Depuis ce matin, les restrictions sont encore plus sévères : les commerces, à l’exception de l’alimentation et de la santé sont fermés. Il n’est plus possible de se promener ou de faire du sport dehors. Les écoles et les universités sont fermés déjà depuis quelques semaines, ainsi que les théâtres, les cinémas, les stades. Plus de rassemblements publiques et depuis dimanche soir la conférence épiscopale italienne a délivré un décret (avec douleur) que toutes les messes en semaine et les messes dominicales en public sont suspendues dans tout le pays. Les mariages sont reportés et les cérémonies d’obsèques sont interdites, jusqu’au vendredi 3 avril prochain. Pour le moment toutefois, des églises restent ouvertes en journée pour ceux qui souhaiteraient se recueillir, mais ils doivent suivre la consigne de laisser une distance de sécurité d’au moins un mètre.

Ces mesures « chocs » qui de l’extérieur peuvent sembler peut-être exagérées sont pourtant prudentes, adéquates et nécessaires pour limiter la propagation de l’épidémie. Pour l’instant le nombre des personnes contaminées est malheureusement en augmentation de jour en jour.
La « città éterna » est vide, il n’y a personne dans les rue et les restaurants. La vie publique s’est arrêtée. Il y a un étrange et sinistre silence autour de la piazza Navona, interrompu seulement par moment d’un vaillant chanteur d’opéra qui entonne « o sole mio ». Pour qui connaît Rome en temps ordinaire avec son ambiance de fête et de dolce vita, c’est assez impressionnant. Seul le ciel bleu et la lumière splendide qui annonce le printemps restent inchangés !

Pour l’instant les frères du prieuré de Rome vont bien. Déjà depuis un certain temps ils ont adopté des mesures de précaution (se laver et désinfecter les mains dès qu’on entre dans la maison, sortir juste pour le nécessaire…). Alors qu’au début les zones les plus touchées était le nord de l’Italie, depuis quelques jours le virus se répand plus fortement à Rome. Les premiers cas de maladie sont arrivés à Rome, y compris dans leur entourage. Un ami du prieuré qui a participé à la célébration du mercredi des cendres et au bol de riz partagé est atteint du coronavirus et se trouve actuellement à l’hôpital avec toute sa famille. Entretemps les 15 jours sont passés, mais certains frères avaient encore eu un contact avec lui. Du coup, par mesure de prudence ils sont en quarantaine assez stricte. Ils suivent les mesures décrétées, restent au prieuré et ne sortent que pour l’absolu nécessaire. Il y a une responsabilité à exercer, pour soi même et aussi pour les autres. Les frères ont décidé de vivre ces semaines qu’ils ont devant eux sereinement comme une grande retraite. Il y a une opportunité à saisir à travers cette crise. Réapprendre la vie en cellule ! Ils espèrent que leurs trois doctorants vont du coup aussi avancer dans leur travail de thèse ! Ils passent aussi pas mal de temps au téléphone pour rester proche des personnes, surtout de celles qui sont en isolement à l’hôpital (c’est assez angoissant). Actuellement le téléphone est une bénédiction ! On observe une belle solidarité, une réelle préoccupation fraternelle, une attention renouvelée les uns à l’égard des autres.

C’est un moment difficile pour tout le pays, et frère Johannes craint que l’apogée de la crise ne soit pas encore atteint. Cela vaut pas seulement pour eux en Italie mais aussi pour les autres pays en Europe. Il serait prudent de s’y préparer. Il faut prendre ses précautions, mais sans panique, et ne surtout pas perdre l’espérance ni la confiance en Dieu. Il nous met tous en arrêt peut-être pour mieux écouter son Fils ! Bon Carême/quarantaine !

Un mot des Sœurs Apostoliques de Saint-Jean à Rome

Qu’ajouter de plus à la description des frères de Rome ?

Pour les Sœurs Apostoliques de Saint-Jean, ce qui nous marque le plus, outre le fait d’être confinées, est la suppression des célébrations des Messes avec fidèles. Les voici donc privées de la Messe. Au début, elles ont pu avoir quelques prêtres qui sont venus chez elles pour célébrer une Messe, mais c’est désormais impossible. Les prêtres des Églises voisines acceptent de leur donner la communion si elles se présentons à une ou deux, pas plus. Les voici donc essaimées dans les églises du quartier pour mendier l’Eucharistie. Tout ceci leur fait prendre conscience du prix de l’Eucharistie et les invite aussi à un certain examen de conscience : peut-être avions nous pris l’habitude de recevoir Jésus Eucharistie comme un dû normal. Et les voici remises devant la réalité du don immense du Corps de Jésus.

Deux sœurs travaillent encore et sortent donc encore pour se rendre sur leurs lieux de mission (séminaire français et elemosineria). La sœur du dicastère du développement intégral travaille à distance au prieuré. La sœur doctorante continue son patient labeur d’écriture et de recherche au prieuré. Une sœur étudiant la philosophie découvre les joies de l’enseignement par video-conférence, tandis que leur sœur qui enseigne essaye de suivre ses étudiants on-line. Vive la technique !

Un ami SDF français, débrouillard, poli et cultivé, n’arrive plus à se nourrir à midi ; comptant maintenant sa part pour la cuisine elles lui apportons son repas tout chaud. Leurs pensées vont à tous ceux qui ne sont pas assistés et qui se sentent bien seuls dans les rues désertées : plus d’aumônes, plus de subsistance pour eux. L’Église de Rome maintient ses services de distribution de nourriture, en préparant des sachets-repas que les bénévoles distribuent en respect les consignes nationales.

Voilà, en gros, la description de leur vie. Ajoutons que, grâce à Dieu, le printemps est là, il fait un très beau soleil, une lumière magnifique, et 20° prévus à 13h ! Et ça a tout l’air de vouloir durer ! Puisse la chaleur augmenter et tuer le virus !

Les sœurs restent fidèlement en communion de prière, pour tous ceux qui souffrent sans assistance, pour les malades et le courageux personnel médical. Ciao ! e arrivederci presto !