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Journée d’action de grâce à Saint-Jodard

Publié le 29 juin 2021

Journée d'action de grâce à Saint-Jodard

Dimanche 27 juin, à la suite des ordinations sacerdotale et diaconale, la messe a été célébrée par Monseigneur Gobillard, évêque auxiliaire de Lyon, au cours d’une journée d’action de grâce pour la présence des Frères de Saint-Jean à Saint Jodard pendant 38 années.

Le mot de Mgr Gobillard

Extraits de l’homélie

Lectures Sg,1,13-15 ;2,23-24 ; Ps 29 ; 2Co 8,7.9.13-15 ; Mc 5,21-43

Cette messe est célébrée en action de grâce pour les 38 années que la Communauté a passées ici à Saint-Jodard. Difficile de rendre grâce comme il convient. Le psaume le dit : « Comment rendrais-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? ». Laissons-nous guider sur le chemin de l’action de grâce par les psaumes, par le psaume de ce dimanche : Que mon cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour toi, et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce !

Pourquoi rendre grâce sans fin ? pas parce qu’il n’y a eu que du bien, nous le savons, mais parce qu’il y a eu du bien, et que ce bien était un don gratuit venant de Dieu, et qu’il n’est pas calculable.

On peut certes faire quelques calculs : un peu plus de 1000 frères (1030) ont été formés dans cette maison depuis 1983 ; 500 sœurs contemplatives et 60 sœurs apostoliques.

Puisqu’on parle de psaumes, en 38 ans, 142.000 psaumes ont été proclamés dans cette chapelle. Le psaume d’aujourd’hui, chanté aux vêpres du lundi des semaines impaires, à lui seul a été chanté 1000 fois dans cette chapelle par les générations de frères qui se sont succédées.

Qui dira ce qui s’est passé dans cette maison pendant ces 38 années, ce qui s’est passé dans le cœur de plus de 1500 religieux et religieuses ?

Saint Jean dit à la fin de son Évangile : Il y a encore bien d’autres choses qu’a faites Jésus. Si on les mettait par écrit une à une, je pense que le monde lui-même ne suffirait pas à contenir les livres qu’on en écrirait. (Jean (BJ) 21, 25)

Lorsque Dieu passe, ce qui se passe est un événement inépuisable. C’est pour cela que les paroles du psalmiste ne sont pas exagérées pour nous aujourd’hui : que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce !

La louange de la fin de ce psaume 29 a une tonalité particulière en fait. C’est la louange profonde de celui qui a connu les épreuves. Le psalmiste parle même d’un deuil.

Le début du psaume est poignant : Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé, (…) Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme et revivre quand je descendais à la fosse.

Si c’est lui qui descendait à la fosse, c’est lui-même qui est l’objet du deuil. Frappé d’un coup mortel, il s’est vu mourir. Qu’est-il donc arrivé à l’auteur de ce psaume ? Nous en avons deux indices.
1) Le titre du psaume, « de David » indique qu’il est à placer dans le contexte de l’histoire de David.
2) La version longue du psaume, celle qu’on chante à l’office et qu’on trouve dans la Bible, raconte ce qui s’est passé : Dans mon bonheur, je disais : Rien, jamais, ne m’ébranlera ! Dans ta bonté, Seigneur, tu m’avais fortifié sur ma puissante montagne

Jacques et Jean étaient sans doute dans une disposition comparable le jour où il se voyaient déjà siéger à droite et à gauche de Jésus, et que Jésus leur a posé la question : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » – ils ont répondu avec une assurance totale : « Nous le pouvons ! »

Revenons à notre psaume. Le psalmiste, David peut-être, David qui pense à son grand péché peut-être, le psalmiste donc a fait l’expérience de sa faiblesse : Pourtant, tu m’as caché ta face et je fus épouvanté.

Et j’ai crié vers toi, Seigneur, j’ai supplié mon Dieu : « À quoi te servirait mon sang si je descendais dans la tombe ? La poussière peut-elle te rendre grâce et proclamer ta fidélité ? « Écoute, Seigneur, pitié pour moi ! Seigneur, viens à mon aide ! »

Le psalmiste dans ces circonstances fait une double expérience : tout d’abord l’expérience que son assurance reposait en fait sur le secours de Dieu et de Dieu seul – il fait l’expérience de sa véritable faiblesse.

Et ensuite l’expérience de la prière, d’une prière nouvelle, qui descend jusqu’à ses entrailles.

Le psaume tout entier fait suite à cette double expérience. Dieu répond par la protection, la vie et la joie : Tu m’épargnes les rires de l’ennemi.
tu m’as fait revivre quand je descendais à la fosse.
Avec le soir, viennent les larmes, mais au matin, les cris de joie.
C’est comme une nouvelle création : il y eut un soir, il y eut un matin. Le deuil n’est pas supprimé, il est transformé comme le dit ce verset magnifique : Tu as changé mon deuil en une danse

La Communauté va quitter Saint-Jodard, mais la vie continue.

Les livres de la bibliothèque sont en train de partir dans d’autres maisons de formation, à Rimont et sur d’autres continents – La mairie de Saint-Jodard sait que la Communauté s’est beaucoup internationalisée avec le temps – et les livres vivants qui ont été écrits ici continuent à s’écrire dans les prieurés de la Congrégation. D’autres qui n’ont fait que passer dans la Communauté, plus ou moins longtemps, écrivent d’autres histoires et donnent sens à leurs années passées à Saint-Jodard autrement.

La vie continue aussi ici à Saint-Jodard. L’histoire de cette maison commence bien avant que la Communauté ne s’établisse ici il y a 38 ans. Elle remonte à la Révolution, en 1796 quand l’abbé Devis et l’abbé Gardette ont fondé un petit séminaire dans la clandestinité. Ce petit séminaire a fonctionné plus d’un siècle. Puis ces bâtiments ont été sanatorium, camp de réfugiés espagnols, camp de prisonniers italiens, maison d’éducation spécialisée… ces pierres ont été témoin d’une histoire mouvementée, mais sans doute gardent-elles la mémoire de la ferveur des abbés Devis et Gardette, des petits séminaristes dont l’un d’eux, Jean-Louis Bonnard est devenu saint en portant l’Évangile au Tonkin et a donné son nom à cette chapelle.

Ces pierres, ces couloirs, ce clocher que l’on voit depuis tout le village et la campagne alentour, se souviennent et nous obligent. Ils se souviennent des petits séminaristes, des malades, des jeunes en difficulté, des frères, des sœurs, des oblats, des nombreux bienfaiteurs. Pour cette raison nous travaillons à ce que ce bâtiment continue son histoire d’une belle manière, continue à être un lieu où l’inspiration de l’Évangile transforme le monde d’aujourd’hui.

Le psalmiste dit : « Comment rendrais-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? » Il continue en disant : « J’élèverai la coupe du salut en invoquant le nom du Seigneur. »

C’est ce que nous faisons en célébrant cette eucharistie, dans l’action de grâce pour le bien qui s’est fait ici, pour le don de Dieu dont nous savons mieux aujourd’hui combien il est gratuit et combien nous en sommes indignes, sans que Dieu ne cesse de nous aimer et de nous faire découvrir davantage les profondeurs de son amour.

Que mon cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour toi, et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce !

Remerciements du prieur, frère Paul-André