Frère Johannes – du prieuré de Rome – a soutenu sa thèse le 26 avril 2024, à l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin (Angelicum). Elle a été reçue avec la mention « summa cum laude ». Frère Johannes nous la présente.
Théologie dogmatique
Il s’agit d’une thèse en théologie dogmatique, sous la direction du Prof. Bernhard Blankenhorn OP, intitulée « Deus absconditus, Deus manifestus dans les mystères de la vie de Jésus selon la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin ». Son titre original, en allemand : Deus absconditus, Deus manifestus in den Mysterien des Lebens Jesu der Summa theologiae des Hl. Thomas von Aquin. Eine offenbarungstheologische Untersuchung der thomanischen Mysterientheologie.
La thèse offre une étude historique et systématique des mystères du Christ en tant qu’expression d’une théologie de la Révélation. Dans cette perspective, elle examine en particulier les mystères centraux de la Nativité, du Baptême, de la Transfiguration, de la Passion et de la Résurrection du Christ. À l’aube du dix-septième centenaire du Concile de Nicée (325), cette étude examine la corrélation entre le Dieu caché (Deus absconditus) et le Dieu qui se manifeste (Deus manifestus) dans les mystères du Christ, telle qu’elle est développée par Thomas d’Aquin dans la Tertia Pars de la Summa theologiae (q.27-59).
L’analyse se déploie selon trois axes de recherche
1- Une synopse et synthèse de la christologie existentielle exposée par saint Thomas dans les acta et passa Christi des qq.27-59.
2- Une contribution à la théologie apophatique dans la christologie. Thomas interprète Isaïe 45,15 : « Vraiment tu es un Dieu qui se cache, Dieu d’Israël, Sauveur ! » de manière christologique : le Deus absconditus c’est d’abord le Christ. Son humanité cache et manifeste en même temps sa divinité.
3- Une théologie de la révélation que saint Thomas déploie dans le traité des mystères comme un lieu théologique central.
L’étude met en lumière les différentes significations du caractère caché de Dieu ainsi que les divers aspects de sa manifestation. Le Deus absconditus n’est pas synonyme d’absence, d’incompréhensibilité ou de désintérêt. Le caractère caché de Dieu a un contenu positif de révélation en tant qu’expression de la sagesse divine dans économie du salut. Proche de la notion hébraïque du « tsimtsoum », le Deus absconditus donne à l’homme l’espace nécessaire pour répondre librement à la révélation divine, y coopérer avec mérite et ainsi devenir un instrument de Dieu. La pleine connaissance de Dieu n’est pas accessible dans cette vie. Avec la formulation de saint Thomas : « Si nous voyons quelque chose de Dieu, ce n’est pas dans la totalité » (si aliquid videmus de Deo, non tamen totum). Dans le clair-obscur de la foi, Dieu est à la fois caché et révélé. Dans le Christ, il s’est suffisamment manifesté pour que nous puissions le reconnaître et, en même temps, Il reste convenablement caché pour que nous continuions à le chercher.