
Le nouveau-né couché dans une mangeoire
L’émerveillement des petits bergers
``Quand ils arrivèrent à Bethléem, les bergers découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire.`` Lc 2, 16
Face à ce mystère de l’incarnation du Fils de Dieu, l’apôtre Jean, ami et disciple de Jésus, prononce deux paroles pleines de signification : « Le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 14) ; « La Vie s’est manifestée » (1 Jn 1, 2).
Le Verbe, consubstantiel au Père, de toute éternité, ne s’est pas transformé en chair ; mais il a seulement pris chair, c’est-à-dire notre nature. Le Verbe de Dieu est la Vie ! Voilà comment s’exprime l’émerveillement de saint Jean, le théologien ! Le nouveau né, couché dans une mangeoire, est, au-delà de ces apparences, la Lumière du monde ! Le disciple bien-aimé, porté par Marie, vivra cette expérience mystique d’émerveillement de façon singulière et plus profonde à la Croix.
Pourquoi Dieu se dévoile-t-il dans la fragilité d’un tout petit enfant ?
La réponse à cette question ne nous est-elle pas donnée dans l’attitude d’émerveillement des petits bergers ? Après avoir vu l’enfant, écrit l’évangéliste Luc, « Ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers. » (Le 2, 17)
Le témoignage des petits bergers suscite l’émerveillement de Marie et de Joseph ! Comment pouvons-nous comprendre cette conduite du Fils de Dieu à l’égard de ses parents ?
Pourquoi, dans l’expérience de la vie quotidienne des hommes, leurs cœurs s’émerveillent-ils devant un nouveau-né, malgré sa grande fragilité ?
Une scène de vie relativement classique : un nouveau-né entre dans la pièce avec sa maman et tous les regards se tournent vers lui. « Plus l’enfant est petit, plus les regards s’attendrissent devant ce petit être, si délicat, avec son parfum de lait, égayant nos oreilles des premiers sons jaillissant de sa bouche. » C. Moulinet, art. publié dans « Aletheia » du 27/11/2021.
Au sortir d’une messe dominicale, au marché, au cours d’un voyage au village, il n’est pas rare qu’une autre maman ou une grand-mère vienne demander l’âge de ce tout-petit, son prénom, comment il se porte. Certaines personnes souhaitent même avoir le privilège de porter dans leurs bras ce tout-petit. « Il y a dans l’enfant et spécialement dans le nouveau-né une force d’attraction de pur amour », comme l’explique Caroline Moulinet, une jeune maman. « Ce bébé, précise-t-elle, ne fait rien, ne planifie rien, n’anticipe rien, il ne contrôle en rien tous ces regards qui se posent sur lui. Il est là. Simplement là. Pur. Innocent. Paisible. Confiant. »
D’où vient cette force d’attraction chez les tout-petits ?
Depuis la rencontre du prophète Élie avec Dieu sur le mot Horeb, nous savons qu’il n’est pas dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni même dans le feu. Il n’est pas non plus dans le clinquant, l’agitation ou l’éclat de la réussite. Dieu se dévoile dans la brise légère, dans la fragilité de l’Enfant de Bethléem qui ne fait rien d’autre « qu’être, exister, vivre, abandonné en confiance auprès de ses parents. » Il a tant aimé le monde qu’Il a pris chair et a vécu parmi nous.
N’attend-il pas de chacun des bras ouverts et accueillants pour le serrer contre soi ? Il ne reste qu’à laisser cette force d’attraction de l’Enfant de Bethléem attirer chacun de ses visiteurs à la lumière qui brille sur son visage.Venite adoremus !
Frère Joseph,
Doyen des études au noviciat de Simbock – Cameroun